Il y a longtemps déjà que la botte Chanel a une place de choix dans le dressing de Mademoiselle. Il faut dire que la couturière a cherché tout au long de sa carrière à imposer un vestiaire puisant son évidence dans une apparente simplicité. Dans cette élégance aussi inspirée que racée, Coco Chanel a évidemment pensé chaque courbe, chaque point de couture, chaque couleur pour elle-même avant de l’imaginer sur les autres. Ainsi lorsqu’en 1957, Mademoiselle Chanel revient sur le devant de la scène, c’est pour donner « le dernier point d’élégance » à sa silhouette. L’escarpin bicolore est ainsi conçu de façon à permettre aux femmes de « faire le tour du monde avec quatre paires de chaussures. » Des mots même de la couturière, un intemporel vaut donc mille et une petites extravagances.
Si la saison dernière, Karl Lagerfeld remettait à l’honneur le mythique escarpin sling-back, il honore cette saison une autre des pièces fétiches de la Dame aux camélias : la botte, elle aussi bicolore. Il est évident que ce soulier à l’aura plus qu’éternelle a depuis longtemps fait son apparition dans les collections du Kaiser. Depuis que celui-ci a repris les reines de la griffe en 1983, les bottes réapparaissent comme l’élément clé du vestiaire de Coco. Pour autant, celle-ci n’en a jamais dessinées pour ses collections – elle préférait les porter en toutes circonstances, des circuits des courses hippiques à ses week-ends passés à Eaton Hall chez le duc de Westminster, dans les années 20… En 1958 donc, elle associe pour la première fois son tailleur en tweed plus qu’iconique à une paire de bottes, le tout porté par Marie-Hélène Arnaud, son mannequin favori. Ces bottes sont signées Raymond Massaro ; pour leurs apporter plus de souplesse, il les coupent dans une feutrine exclusivement bleue, presque noire ou parfois blanche et bleue… Et, de cette association de goût l’on retient tout particulièrement la pirouette de Coco : « Mes chevilles gonflent un petit peu et avec les bottes, on ne voit rien ! Un jour, on les fera pour la collection » lui confie-t-elle un jour.
Déjà, dans les collections Prêt-à-Porter Automne/Hiver 1991 et 1996, on retrouve l’allure motarde de ces bottes. Elles s’habillent de caoutchouc, version bottes de pluie dans la collection de l’Automne/Hiver 1994… En 2006, le soulier se fait cuissarde. Lacées jusqu’aux genoux, brodées, ornées de noeuds ou de rubans de gros-grain, les bottes font aujourd’hui partie intégrante des codes Chanel… Et voici que pour sa collection Automne/Hiver 2017, Karl Lagerfeld décide de mettre à l’honneur la pièce du quotidien de Gabrielle Chanel dans une version un brin plus citadine. Pensées bicolore, en daim et satin, les bottes tant désirées de cette saison s’arrêtent sagement à mi-mollet… Raffinés au possible, les veaux suédé beige, vert canard, bourgogne, bleu nuit ou roi, aubergine, rouge ou brique accompagnent les courbes du soulier dans un chic comme trop longtemps oublié. Comble de l’élégance du numéro 31 de la rue Cambon, la signature Gabrielle Chanel, sous-titrée Coco, gravée dans la peau… La ponctuation distinguée d’une ligne hautement intemporelle en somme.
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