Nouveau projet du grand architecte du glamour Jean-Michel Gathy, l’hôtel Aman New York ! Un lieu célébrant la rencontre entre le design asiatique et l’énergie de Manhattan… Rencontre avec l’architecte Jean-Michel Gathy !

Jean-Michel Gathy Nous Parle De l’Aman New York

C’est le dernier projet en date de l’architecte Jean-Michel Gathy, Belge expatrié en Asie depuis plusieurs décennies… Spécialisé dans la création ou la réfection d’hôtels de luxe, ce visionnaire pour qui le beau, le pur et le glamour priment nous parle de son rapport avec l’Asie, et de ce dernier projet au luxe serein qu’est l’hôtel Aman New York. Niché dans le monument architectural qu’est le Crown Building, « Aman New York apporte la paix promise par le nom dérivé du sanskrit d’Aman au cœur de Manhattan, avec l’expertise de conception inégalable de Jean-Michel Gathy » note l’hôtel. 

Et celui à qui l’on doit les hôtels grandioses comme le Marina Bay Sands à Singapour, a beaucoup a nous apprendre de la beauté de l’architecture de ces lieux d’abord pensés pour accueillir l’Autre avec ce savoir-recevoir hors-pair…

L’Asie représente une grande partie de votre vie — pouvez-vous nous en dire plus sur l’art, le savoir-recevoir et plus globalement sur ce qui vous a tenu fasciné plus de 40 ans avec ce continent hors du temps ? 

J’habite ici depuis 41 ans, et j’adore l’Asie, son mysticisme, sa culture et la liberté avec laquelle on vit. L’Asie est en fait beaucoup plus libre que l’Europe ou les Etats-Unis, où tout est règlementé, structuré, régulé, etc. Ici, il y a beaucoup plus de place pour l’art et la créativité, et les gens sont affables et généreux.  Mon mojo ici, c’est de sourire le premier. Si vous souriez le premier, toutes les portes de l’Asie s’ouvrent, il y a une sorte de simplicité sociale, c’est vraiment extraordinaire. Les Asiatiques n’ont pas besoin d’être politiquement corrects, ils ont juste envie d’être gentils. L’Asie, c’est une gentillesse naturelle et universelle qui s’affranchit des règles. L’art est différent, il n’est pas classique, il n’y a pas Chagall bien sûr, mais les Asiatiques ont une culture de la peinture, du travail du bois, de la pierre, la céramique ou encore de matériaux spéciaux extraordinaires qui s’affranchit de la technique pure.

Il n’y a pas besoin d’avoir une loi pour que les gens se respectent J’ai un côté anti-conformiste, donc l’Asie me va très bien. J’ai la chance de pouvoir choisir le lieu où je vis ! Si je n’aimais pas l’Asie, je n’y vivrais pas depuis 41 ans !

Comment s’incarne dans les lignes, dans les couleurs, bref dans l’architecture et le design cette sensation de paix qui est la signature d’Aman? 

Aman signifie tranquillité, et son ADN, c‘est la simplicité. Les hôtels Aman sont des hôtels qui sont simples, mais c’est difficile d’être simple en étant luxueux. Concrètement, ce n’est pas avoir un lavabo en or, c’est avoir un lavabo bien éclairé, ce n’est pas avoir un lobby riche en finitions, c’est avoir un lobby dont les volumes, les dimensions, ou la vue, sont justes.

Ce sont les proportions qui font la tranquillité d’Aman, la dynamique de circulation, l’utilisation de la géométrie et la simplicité des matériaux. Il y a par exemples, 2 ou 3 types de pierre utilisés mais pas 25. C’est aussi la simplicité des couleurs, il n’y a pas d’arrogance dans le design d’un Aman. Le « sens du lieu », est également important, on n’a jamais l’impression d’être un étranger, chaque projet est réalisé en harmonie avec son environnement.

Tous les plus grands produits de luxe sont simples, les Champs Élysées, les grands monuments comme le Taj Mahal ou encore les pyramides, sont impressionnants de simplicité.

Comment avez-vous perçu de lier l’énergie vrombissante de New York à la volupté et l’épure propre à l’héritage Asiatique? 

Etant donné l’emplacement à New York sur la 5^ème avenue, on est assailli par le tumulte ambiant de la rue, il y a une énergie titanesque. Mais l’Aman de New York, c’est un refuge. C’est comme partir en expédition dans une mer déchainée et rentrer tranquillement au port. Cette ambiance a un impact sur les gens. Nous avons créé tout un système d’acoustique pour favoriser la douceur, le calme… On s’y retrouve aussi pour un petit-déjeuner ou un déjeuner d’affaires. L’énergie est créée par la densité du mobilier et des espaces, la terrasse de 650 m2 au 14^ème étage est faite pour que les gens s’asseyent l’un à côté de l’autre et non pas loin l’un de l’autre.

Comment définiriez-vous le luxe de ce nouveau haut lieu de l’hospitalité à NYC ? 

Chacun a sa version du luxe, mais tous ont en commun un goût pour le confort, qu’il soit physique, psychologique ou matériel.

Le feu de bois par exemple, calme l’esprit, mais l’eau également, a quelque chose de fascinant ou encore l’acoustique, apporte de la sérénité dans les lieux. Dans un hôtel, tous les éléments créatifs et décoratifs sont simples et font en même temps le luxe.

Un hôtel Aman doit être confortable par excellence, mais un hôtel n’est pas un trophée, c’est un business, il faut que les gens reviennent. Ce qui fait le luxe, ce sont tous les détails qui font le confort.

Une anecdote sur un moment iconique passé dans un lieu aussi enchanteur ? 

Quand on dessine des hôtels dans des endroit difficiles d’accès, il y a toujours quelque chose de spécial, que ce soit un problème technique ou une situation imprévue.

Pour l’Amawana, mon premier projet pour Aman, on était avec mon équipe et celle d’Aman sur le site qui est vraiment isolé au large de Bali, en meeting sur la jetée. À un moment, une baleine et son petit sont venus jouer devant nous pendant 1h30 jusqu’au coucher du soleil, ce qui a rendu le moment encore plus féérique. Pendant tout ce temps, personne n’a parlé, nous étions tous fascinés par ce spectacle, c’était fantastique. Malheureusement à cette époque, il n’y avait pas de smartphone, pour capter l’instant, mais il restera gravé dans ma mémoire.

Un séjour dans le sublime à réserver ici.

Propos recueillis par Sébastien Girard, Président d’Icon-Icon