Fondée en 2002 par les designers Livia Stoianova, Yassen Samouilov et André da Sà Pessoa, On Aura Tout Vu est probablement l’une des maisons de couture les plus réputées et reconnues sur la scène internationale de la mode pour son style déjanté et décalé, où détournement d’objets et matières, sophistication, artisanat d’art et innovations technologiques se mixent à la perfection. 

Si son style marquant où la brillance domine a d’ores et déjà séduit les plus grandes icônes de la mode telles que Lady Gaga, Beyoncé, Madonna, Katy Perry ou encore Christina Aguillera, la maison n’a de cesse de se renouveler et célèbre aujourd’hui ses 20 ans de couture. 

A cette occasion, Icon-Icon a souhaité rendre hommage à cette maison parisienne emblématique, en partant à la rencontre des deux designers qui présentent actuellement une exposition rétrospective de leur travail autour de la dentelle depuis 20 ans, à Caudry – ville emblématique de cet artisanat. 

Rencontre avec Livia Stoianova et Yassen Samouilov  

Pour commencer, pourriez-vous revenir sur votre parcours jusqu’à la création de la Maison On Aura Tout Vu en 1998 ? 

Avant toute chose, On Aura Tout Vu est la synthèse de trois personnalités aussi indissociables que complémentaires : Livia Stoianova, Yassen Samouilov et André da Sà Pessoa, aujourd’hui décédé mais toujours l’ange gardien – et également petit démon de la Maison. 

Après avoir créée et produit des accessoires pour des maisons renommées comme Christian Dior ou Christian Lacroix et de prêt-à-porter – Yves Saint Laurent, Guy Laroche ou Paco Rabanne – nous avons ouvert notre premier concept store « espace on aura tout vu » en 1998. 

La même année, nous avons présenté notre première collection d’accessoires, de bijoux et de maroquinerie.

Quatre ans plus tard – en 2002 – nous avons présenté notre première collection couture en tant que membre invité de la fédération française de la haute couture. 

Et depuis plus de 20 ans aujourd’hui, nous n’avons cessé de présenter des créations plus loufoques les unes que les autres – toujours dans la tradition et le savoir-faire de la haute couture française ! 

Si vous deviez définir la maison en quelques mots, quels seraient-ils ? 

En quelques mots, nous dirions inattendu, surprenant, dérangeant, empreint d’humour et d’auto-dérision mais surtout spectaculaire. 

En effet, nous essayons de casser les codes instaurés par la Haute Couture au fil des années pour en donner notre propre interprétation. Notre fil conducteur : détourner la mode et le glamour autour de créations extravagantes et originales, loin du classique conventionnel. Nous essayons de montrer à tous que le luxe peut également être ludique. 

D’où vous viennent vos inspirations, quel est votre processus créatif ? 

Bien sûr, tout nous inspire, mais ce qui nous intéresse particulièrement, c’est ce mariage entre l’art et la mode. 

En ce qui concerne notre processus créatif, tout commence par une discussion autour d’une idée, d’une histoire à raconter qui sera alors le thème de notre collection. Ensuite, nous passons au dessin et au choix des matières mais aussi des techniques que nous allons utiliser pour mettre en application nos idées. 

Nous les choisissons bien sûr en rapport avec la thématique choisie, ils sont ainsi différent d’une année à l’autre. Nous collaborons également avec certains partenaires depuis de nombreuses années, à l’instar de la Fédération des tisserands de Tango avec qui nous mettons au point des tissages exclusifs et expérimentaux. 

Par la suite, nous réalisons les patronages mis en forme par les ateliers parisiens avant de passer aux essayages, fittings puis corrections sur les modèles. La part de la recherche est particulièrement importante lorsqu’il en vient aux patronages. Il s’agit en effet d’un long processus qui inclut une part importante d’innovation et d’inclusion de formes inédites. 

S’il devait y avoir une pièce iconique ou emblématique On Aura Tout Vu, quelle serait-elle ? 

S’agissant de pièces uniques, bien sûr il y en a beaucoup ! 

Nous pouvons néanmoins revenir sur quelques modèles qui ont particulièrement marqué les esprits. Nous pensons notamment à la robe nid issue de la collection Printemps-Été 2011 ou bien à la première robe mêlant la dentelle Solstiss et technologie – un modèle exposé à l’Exposition Universelle de Dubaï de 2021-2022. Il s’agissait d’une robe lumineuse mêlée aux tissages artisanaux d’André Laude. 

Qui est donc la femme On Aura Tout Vu ? 

Une femme atypique qui aime sortir des sentiers battus. 

Vous habillez les plus grands – Beyonce, Lady Gaga, Madonna pour ne citer qu’elles – y a-t-il une collaboration qui vous a particulièrement marquée ? 

Sans hésitations, Lady Gaga. Il s’agit en effet de la première grande célébrité à avoir porté nos créations et toujours de la plus impressionnante. 

Par ailleurs, et pour la petite histoire, la première commande qui lui était destinée ne lui a jamais été livrée puisqu’elle a été arrêtée à la douane en raison des matériaux exceptionnels qu’elle contenait. Par la suite, nous avons continué à collaborer ensemble, notamment pour son concert parisien. 

Pour la quatrième année consécutive, On Aura Tout Vu a pris ses quartiers d’été au sein des Cyclades, dans l’iconique île de Paros, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette unique boutique mondiale de la Maison Parisienne ? 

Tout d’abord, la Grèce – et surtout la Grèce Antique – est une grande source d’inspiration pour la Maison à travers sa mythologie, ses créatures hybrides et ses légendes, très proches de notre univers. Rien de plus évident donc, que de lier la Maison et la Grèce pour offrir un écrin exceptionnel aux créations uniques et en séries limitées pour la boutique On Aura Tout Vu Paris – Paros ! 

Afin de compléter les pièces des collections permanentes réalisées dans les ateliers parisiens, nous proposons également aux locaux et autres voyageurs passagers des pièces exceptionnelles issues de la ligne Paris-Paros uniquement disponibles à Naoussa. 

Et comme On Aura Tout Vu ne fait jamais comme tout le monde, ce n’est pas à Mykonos que nous donnons rendez-vous à nos clients mais dans l’île voisine de Paros. Nous sommes ainsi l’unique boutique de marque dans les Cyclades hors Mykonos. 

Il me semble justement que vous en avez profité pour habiller l’une, si ce n’est LA plus grande célébrité grecque – Anna Vissi. Pourriez-vous nous en dire quelques mots ? 

En effet, nous avons eu une chance exceptionnelle qu’après deux ans de pandémie, Anna Vissi organise son Red Summer Tour en passant par Paros. 

Pour l’occasion, celle-ci a porté l’une de nos tenue couture emblématique issue du dernier défilé Super Héro Printemps-Été 2022 – qui a d’ailleurs boosté son énergie d’une façon exceptionnelle puisque le concert s’est prolongé jusqu’à 7h du matin ! 

Et qui sait, cette collaboration pourrait déboucher sur d’autres projets futurs…

Retour en France, vous exposez actuellement – et ce depuis près de 6 mois vos collections au sein du musée de la Dentelle de Caudry, pourriez-vous nous en dire un peu plus ? 

En effet, après avoir participé à de nombreuses expositions collégiales autour de la dentelle, nous exposons depuis mars dernier au Musée des Dentelles et Broderies de Caudry pour notre exposition « (Re)belles dentelles ». Via une trentaine de modèles et d’accessoires uniques, l’exposition revient sur nos créations au sein desquelles nous avons utilisé la dentelle à travers nos collections depuis 2002, les innovations et l’artisanat autour de ce savoir-faire d’exception qu’est le travail de la dentelle.

En octobre prochain, les pièces exposées seront renouvelées pour la fin de l’année, de quoi découvrir d’autres créations !

Quel est votre lien avec l’artisanat et plus particulièrement l’artisanat français ? 

Depuis nos débuts, nous sommes particulièrement attachés au savoir-faire Français mais également à l’innovation. La recherche ne se limite en effet pas seulement à l’artisanat classique de la couture mais s’intéresse également aux innovations technologiques ou aux mélanges de matières improbables, inattendus, non utilisés traditionnellement dans le domaine de la couture. 

Vous êtes également à l’origine des somptueux costumes de la dernière revue de l’emblématique cabaret parisien – Le Paradis Latin – Envie de nous en parler davantage ? 

Kamel Ouali, le célèbre chorégraphe nous a d’abord contacté afin de réaliser un miracle : confectionner presque 400 costumes différents pour la nouvelle revue du Paradis Latin. Ces tenues inclues des techniques issues des costumes de ballet, de la couture et bien sûr du patrimoine traditionnel des cabarets parisiens.

Après avoir réalisé les costumes des plus grands ballets à l’instar de Carmina Burana ou encore de Casse-Noisette et Mo’s The Damn Jam Concerto par James Thierrée (ndlr : petit fils de Charlie Chaplin) ce projet a été un nouveau challenge pour la maison ! 

Avez-vous un projet, une collaboration ou autre collection qui vous a particulièrement marqué et que vous aimeriez partager avec nous ? 

La collaboration avec la très emblématique Maison Caron pour qui nous avons réalisé les flacons de luxe pendant plus de 10 ans. 

Pour finir, auriez-vous des projets futurs dont vous aimeriez nous dire quelques mots ? 

D’origine Bulgare, nous sommes superstitieux ! Alors si nous parlons de nos projets, ils risquent malheureusement de ne pas se realiser !

Mais bien sûr, nous en avons beaucoup… Stay tuned !

Nous pouvons toutefois d’ores et déjà vous parler d’un projet que nous sommes en train de lancer autour des NFTs. En effet, le jeune collectif de dessinateurs Femmes Bizarre, passionné par nos créations a décidé de créer des NFTs des looks les plus iconiques de la Maison et de ceux portés par les célébrités à travers trois avatars : Matilda, Uma et Lilu. 

Le lancement aura lieu le 26 septembre sur Opensea.

Propos recueillis par Sébastien Girard et Saskia Blanc