Le 7 novembre prochain, plus de 150 montres de marques incontournables telles que Rolex, Audemars Piguet, Cartier ou Jaeger Lecoultre seront mises aux enchères par la maison Artcurial. L’occasion pour nous d’interviewer Marie Sanna-Legrand, à la tête du Département Horlogerie de Collection de la maison Artcurial et dénicheur de nombreuses pépites horlogères.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette vente aux enchères ? 

Chaque année, le rendez-vous très attendu est notre vente online d’automne ! Organisée en novembre, c’est une vente qui me tient beaucoup à cœur car c’est une vente plaisir. 

Elle est destinée aux amateurs d’horlogerie, mais aussi aux amoureux de style, de mode, de beau… en attente d’un coup de cœur ou à la recherche d’une montre à offrir ou s’offrir pour les fêtes de fin d’année.

Comment se pense une telle curation?

Chez Artcurial nous avons une seule règle : nous sélectionons uniquement des pièces que nous aimerions porter ou acheter. Trouver les plus belles montres et les pièces les plus originales est notre seule ambition !

L’horlogerie iconique attire depuis quelques années une audience de plus en plus large. Quand s’est constitué le département Horlogerie de Collection d’Artcurial? 

Effectivement l’horlogerie attire une clientèle toujours plus curieuse et de plus en plus jeune. 

Artcurial a été l’une des premières maisons de ventes française à développer des ventes d’horlogerie en France. En 2003, lorsque nous nous sommes positionnés sur ce marché, l’horlogerie était encore un secteur de niche. C’est en 2013 que le département a été créé et que l’on m’a confié sa direction. En moins de 10 ans, nous nous sommes affirmé comme une référence internationale et nos ventes à Monaco sont devenues un Rendez-vous incontournable pour les collectionneurs du monde entier.

Avez-vous le souvenir d’une montre récemment vendue qui s’est arrachée à un prix bien plus fort que l’estimation? 

Cet été nous avons vendu à Monte-Carlo, un modèle exceptionnel de la maison Audemars Piguet : Code 11.59.

C’est une référence très rare sur le second marché, seulement une seule variante de ce modèle avait été présentée en vente aux enchères auparavant.

C’est une pièce, dont la valeur « collection » est prometteuse. Estimée 150.000 euros, elle a été vendue près de 710.000 euros.

C’est un prix record qui témoignent du dynamisme du marché actuel.

Qu’est ce qui selon vous a donné dans cette pièce l’envie irrépressible à l’enchérisseur de l’acquérir? 

La rareté et l’exclusivité. Notre exemplaire était issu d’une série limitée à 5 exemplaires. Autre spécificité : son cadran en émail. Uniquement 3 cadrans sur les 5 exemplaires de cette série ont été réalisés par Anita Porchet, qui est un nom indissociable de la haute horlogerie. Cette émailleuse d’art travaille avec les plus belles manufactures sur des pièces souvent uniques ou collectors (Vacheron Constantin, Patek Philippe, Piaget…). Cette montre était l’exemple de la rencontre parfaite entre technicité horlogère et artisanat d’art. 

Le format Online Only est intéressant – que pensez-vous de l’introduction du Web 3 dans la faisabilité de telle vente aux enchères? 

Nous avons inauguré les ventes online dès 2018 chez Artcurial et la première vente digitale était une vente de montres ! Chez Artcurial nous avons une clientèle internationale. En horlogerie près de 90% de nos acheteurs sont étrangers. Passer sur une version online était donc essentiel car ce format de vente offre une expérience d’achat beaucoup plus pratique à nos clients.

Le Web 3 m’interroge beaucoup effectivement. Je suis partagé sur ces problématiques de Blockchain, car finalement, c’est une chaîne de confiance crée par un ordinateur. Je fais un métier de confiance, nos clients nous confient leur garde-temps à la vente car ils ont confiance en notre maison, en mon équipe et en notre stratégie de vente. De la même manière, ils achètent des pièces de collection en vente aux enchères parce qu’ils ont confiance en notre expertise. Nous sommes disponibles pour s’entretenir avec eux avant la vente (à distance ou en présentiel) : leur présenter la montre, leur expliquer un détail, une particularité, et les conseiller. Nous faisons un métier où la dimension humaine est très forte, et la question que pose le web 3 est celle du plaisir d’achat. La blockchain à des avantages incroyable, mais elle ne vous conseillera jamais aussi bien qu’un expert ou un excellent spécialiste.

Vous proposez dans cette vente une version rare de la montre Pasha de Cartier. Que vous inspire une telle icône de l’horlogerie ? 

La montre Pasha est l’une des pièces les plus subversives de Cartier. Lancé en 1985, ce modèle a été dessiné par Gerald Genta, le designer horloger le plus successful. On lui doit notamment la Royal Oak (Audemars Piguet) ou la Nautilus (Patek Philippe). Si c’est un modèle qui est très en vogue depuis qu’il a été réactualisé dans les collections en 2020, en 1985, Pasha laisse perplexe. Cartier s’est toujours distingué grâce à ses montres de forme. Or pour la première fois, la marque ose un modèle rond, de format XXL avec chiffres arabes. C’est un modèle qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de la marque, avec lequel Cartier ose un nouveau langage esthétique et s’aventure dans un style où on ne l’attendait pas. Cartier a toujours su se réinventer, et cette montre est l’une des plus belles preuves.

Quelles sont pour vous les pièces horlogères phares de cette vente ?

Toutes ! L’idée de cette vente, c’est de présenter des pièces dans l’ère du temps, des montres faciles à porter tous les jours. Il y a bien sûr des modèles incontournables comme Omega Speedmaster ou Rolex Datejust. Mais aussi des montres dont le design est peut-être moins connu. Je pense par exemple à Cartier Roadster, ce modèle lancé en 2001 est certainement la montre sportive la plus élégante. Nous présenterons une version acier avec cadran rosé, terriblement féminine. Ce modèle ne figure plus aujourd’hui au catalogue Cartier. Présenter des pièces rares ou difficilement accessibles c’est évidemment l’un de nos fils conducteurs.

Des modèles iconiques autant en modernes qu’en vintage !

Qu’attendez vous de cette édition ?

Comme toujours : que la sélection que nous proposons soit en phase avec les envies de nos clients, et que le succès soit au rendez-vous !

Propos recueillis par Sébastien Girard, Président d’Icon-Icon