Guy Bourdin photographe iconique? Au Armani/Silos, à Milan, on célèbre l’oeuvre iconique de ce photographe qui a changé le sens de la photographie de mode. Exerçant sa vision tantôt loufoque tantôt lugubre dans les pages de Vogue Paris, époque golden age…

Guy Bourdin Photographe Iconique : La Mode Comme Un Cruel Mystère
Sa première série pour le Vogue Paris en dit long. En 1954, Guy Bourdin, formé à force d’insister auprès de Man Ray, reçoit une première commande du Vogue Paris. Sa mission: réaliser une série sur les chapeaux.

Mais il fallait le bizarre de Guy Bourdin pour transformer l’exercice en révolution. Déjà, cette série pose les fondements de sa photographie. Deux photos marquent l’oeil: un mannequin, face à des carcasses d’animaux, se balançant au-dessus de sa tête impeccablement chapeautée.
La seconde, c’est Edmonde Charles-Roux, alors rédactrice en chef, qui la résume le mieux. Sur la tête du mannequin, un chapeau Balenciaga, « Sous la voilette, sur le visage du modèle, il y avait une mouche. Ou une abeille, je crois. Elle était morte mais avait l’air bien vivante. »
Pour expliquer ce choix, Guy Bourdin explique que « la beauté attire les mouches comme une charogne. »
Jusqu’en 1987, Guy Bourdin exprime dans le papier glacé des pages du Vogue, ses fantaisies, mais aussi ses tourments, ses visions cruelles et étranges, toujours mystérieuses parfois surréelles…

« Je ne me suis jamais considéré comme responsable de mes images. Ce ne sont que des accidents. Je ne suis pas metteur en scène, seulement un agent du hasard » précise Guy Bourdin.
Francine Crescent, un temps rédactrice en chef du Vogue Paris, expliquait: « Le travail de Guy Bourdin traite de la vie. Il savait avant tout le monde que le sexe et la violence allaient devenir les facteurs les plus importants de notre société. Mais je ne pense pas que ce qui l’intéressait, ce qu’il voulait décrire, c’était la vie. »

En effet, les visions de Guy Bourdin tenaient plus du rêve, ou du cauchemar. Cherchant avant tout à arrêter le lecteur, à renverser ses certitudes. Et la pub fut aussi un vecteur de cette recherche.
La Publicité Comme Un Art: Charles Jourdan et Guy Bourdin
Guy Bourdin est principalement connu dans le monde de la publicité pour son travail sincèrement révolutionnaire avec la maison Jourdan. Tantôt surréaliste, toujours évocatrice, la photographie de Guy Bourdin pour la publicité des maisons de mode fut aussi une affaire de couture.

Il a réalise des photos pour Madame Grès. Pour Chanel, Emmanuel Ungaro, Versace ou encore Issey Miyake.

Mais il est vrai que les campagnes réalisées pour Jourdan sont indéniablement les plus iconiques d’entre toutes. Originale et audacieuse, l’approche subversive de la publicité met en scène des mannequins en plastique, des jambes à moitié coupées, la fétichisation des scènes de crimes bref, tout ce qui n’était pas compatible avec la publicité. A première vue.

A la fois objet de désir et objet de violence, la relation de la société à la figure féminine est explorée sans concession. Crue, mais inoubliable, la photographie de Guy Bourdin possédait un pouvoir d’attraction…
L’influence majeure de Guy Bourdin se lit encore dans les travaux de photographes de mode d’aujourd’hui. De David LaChapelle à Jean-Paul Goude en passant par Steven Meisel !
Une oeuvre radicalement chic qui a rebattu les cartes de la photographie de mode. Intitulée Guy Bourdin : Storyteller, l’exposition au Armani/Silos retrace le travail fascinant des images et photographies comme orchestré par cet oeil d’artiste qui a vu dans la mode le médium idéal à son expression.
A voir à Milan jusqu’au 31 Août 2023.
