L’histoire de la Fashion Week Paris Prêt-à-Porter file les innovations, les révolutions et les moments culturels marquants de la mode, et plus globalement de l’époque. Depuis son introduction dans les années 70 avec la révolution du prêt-à-porter, la Fashion Week Paris est le théâtre de défilés emblématiques, et de créateurs visionnaires !
Depuis sa création, la Fédération de la Mode et de la Couture a été présidée par des personnalités emblématiques de l’industrie. De Jeanne Lanvin, Pierre Bergé, homme d’affaires et partenaire d’Yves Saint Laurent, en passant par Didier Grumbach et Ralph Toledano à l’actuel président Pascal Morand… Nombreuses sont les personnalités de la mode à avoir non seulement géré les affaires de la Fédération, mais également contribué à la promotion de la créativité française avec un but : consolider la réputation de Paris comme capitale de la mode.
Fashion Week Paris Prêt-à-Porter : Une Histoire Française
« La mode mondiale se trouve à Paris et restera à Paris, c’était déjà le cas du temps de Marie-Antoinette et c’est toujours exact aujourd’hui » affirmait Didier Grumbach. Et on ne peut que le croire en observant l’évolution de cet événement clé !
Celle-ci se déroule quatre fois par an, présentant les collections de prêt-à-porter et de haute couture. La Fashion Week Prêt-à-Porter a lieu en février/mars pour l’automne/hiver de l’année à venir et en septembre/octobre pour le printemps/été de l’année à suivante…
Dernière étape d’un mois marathon à travers les big 4 – New York, Londres, Milan, Paris – elle rassemble durant une semaine les plus grands noms de la mode internationale…Chanel, Dior, Louis Vuitton, Hermès, Balmain, Balenciaga comptent parmi les shows les plus attendus, de même que Saint Laurent, Celine, Givenchy, Jean Paul Gaultier, Alexander Mcqueen, ou encore Rick Owens !
La Fashion Week parisienne se met en scène dans des lieux emblématiques de Paris, tels le Grand Palais, le Carrousel du Louvre et le Palais de Tokyo. Ces espaces chers à la mode et au luxe servent de toile de fond aux défilés de mode les plus fous !
Fashion Week Paris Prêt-à-Porter : Le Triomphe du Pap sur La Couture
C’est 1973 que la première Fashion Week Prêt-à-Porter de Paris a eu lieu — organisée par la Fédération Française de la Couture, elle suit en réalité une révolution culturelle de grande ampleur.
Quelques années plus tôt, au cœur des sixties, une révolution culturelle a profondément révolutionné la société — et la mode n’a pas échappé à cette vague de changement. Yves Saint Laurent, après avoir fait ses débuts chez Dior, a joué un rôle essentiel dans cette transformation, aux côtés de Sonia Rykiel.
A eux deux ils incarnent une nouvelle génération de créateurs cherchant à libérer les femmes des contraintes vestimentaires traditionnelles — et surtout, les têtes de gondole de la révolution prêt-à-porter.
Exit les protocoles qui impliquent à la femme une tenue spécifique pour chaque heure de la journée… Dorénavant la mode sera ludique, décontractée, chic et libérée !
En 1966, Yves Saint Laurent lance ainsi sa propre ligne de prêt-à-porter — introduisant des éléments audacieux et emblématiques, dont le mythique smoking avec sa ligne YSL Rive Gauche.
Plus accessible, plus rapide, la mode s’engage dans le prêt-à-porter signant le déclin de la haute couture. Certains grands noms refusent de s’y mêler : Cristobal Balenciaga va notamment fermer sa maison en 1968, refusant catégoriquement le prêt-à-porter.
Qu’à cela ne tienne, la révolution pap est en marche.
L’année 1973 a été décisive avec la création de la Fédération Française de la Couture qui a inauguré la première semaine de la mode officielle de Paris.
Cet événement allait donner naissance à l’une des batailles les plus mémorables de l’histoire de la mode : la Bataille de Versailles. Ce défilé, organisé pour lever des fonds pour la restauration du château de Versailles, opposait alors cinq créateurs français à cinq créateurs américains.
D’un côté Yves Saint Laurent, Emanuel Ungaro, Christian Dior par Marc Bohan, Pierre Cardin et Hubert de Givenchy. De l’autre, Anne Klein, Stephen Burrows, Halston, Oscar de la Renta, et Bill Blass.
Si les Français ont offert des mises en scène grandioses, les Américains ont remporté la victoire grâce à leur casting de mannequins, avec notamment la présence éblouissante de Liza Minnelli.
Qu’importe car le rendez-vous lui est lancé : la semaine de la mode de Paris est inaugurée !
Fashion Week de Paris Et Années 80 : Exubérance et Avant-Garde
Les années 80 ont été marquées par l’exubérance, la créativité débordante et l’exploration de l’avant-garde. Thierry Mugler a émerveillé le public avec des défilés spectaculaires mettant en scène des créations futuristes et des silhouettes sculpturales. Son défilé Les Insectes en 1984 a présenté des vêtements qui semblaient sortir d’un autre monde.
Les années 80 ont aussi et surtout été une période de renaissance et de réinvention pour la maison de couture emblématique Chanel, sous la direction de Karl Lagerfeld. L’association entre Lagerfeld et Chanel a donné naissance à une ère de renouveau qui a redéfini l’esthétique de la griffe et l’a catapultée vers une nouvelle ère de succès.
Karl Lagerfeld chez Chanel, c’est sa capacité à réinterpréter et à revitaliser le riche patrimoine de la maison dans une veine très audacieuse. Il a réintroduit des éléments emblématiques tels que le tailleur Chanel et les chaînes en or, tout en les modernisant avec des coupes ajustées, des épaules marquées et des détails complètement bling !
Dans cette décennie aussi est né le mouvement anti-fashion… Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo en tête !
Alors que la mode tendait vers l’opulence et la démesure, Yamamoto a choisi une voie radicalement différente. Il a créé des vêtements qui étaient non seulement anti-conformistes, mais allant aussi à l’encontre des conventions esthétiques de l’époque.
Les créations de Yamamoto ? Des silhouettes amples, des lignes épurées et des coupes asymétriques. Il a déconstruit les formes traditionnelles pour créer des pièces qui enveloppaient le corps de manière non conventionnelle…
Rei Kawakubo a également fait une entrée remarquée avec sa griffe Comme des Garçons. Ses designs fracassants, souvent déconstruits et asymétriques, ont perturbé les conventions de la mode et ont contribué à redéfinir l’esthétique de l’époque.
Puis vint la déferlante Westwood !
Vivienne Westwood a puisé son inspiration dans la culture punk émergente, créant des pièces qui affichaient une attitude rebelle et un esprit de contestation. Elle a utilisé des matériaux inhabituels, des motifs audacieux et des détails provocateurs pour créer des vêtements qui défiaient les normes établies de la mode.
Sa boutique emblématique, Sex, située à Londres, était déjà le point de rencontre de la contre-culture britannique. A Paris, Vivienne Westwood offre à la mode des années 80 la popularisation du corset comme vêtement extérieur.
Elle a utilisé cet objet traditionnellement constrictif comme un symbole de libération et d’émancipation. Ses collections audacieuses et souvent controversées ont capturé l’essence de l’époque, où la contestation sociale et culturelle était le coeur battant la mode !
Les Années 90 : Provocations et Métamorphoses
La décennie des années 90 a été marquée par un rejet des excès des années 80 au profit d’une esthétique plus épurée et réservée. Prada a été à l’avant-garde de ce mouvement, et Paris en était l’épicentre.
Proposant des designs raffinés et épurés qui mettaient l’accent sur la qualité des matériaux et la précision de la coupe plutôt que sur des ornements extravagants — la révolution dans l’industrie de la mode est alors totale !
Les années 90 ont apporté un vent de provocation et de transformation radicale. L’arrivée de John Galliano à la tête de la maison de couture Dior en 1996 a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la mode. Galliano, connu pour son esthétique théâtrale et romantique, a insufflé une nouvelle vie à Dior en revitalisant son image traditionnelle.
En fusionnant les influences historiques avec une esthétique moderne et provocatrice, ses collections ont donné vie à un univers fantasmagorique à travers ses défilés spectaculaires — et c’est justement sur le podium Parisien de Dior lors de la Fashion week que Kate Moss a offert l’une des images les plus iconiques de l’histoire !
L’incursion d’Alexander McQueen chez Givenchy en 1996 a elle aussi secoué l’industrie de la mode avec son approche provocante et son sens aigu de l’innovation. McQueen, connu pour ses créations avant-gardistes et ses défilés théâtraux, a apporté une touche de subversion à la Fashion Week Parisienne.
Son passage chez Givenchy a été marqué par des collections qui juxtaposaient le romantisme classique avec des éléments gothiques et futuristes ! McQueen a notamment créé des tenues sculpturales et dramatiques qui repoussaient les limites de la créativité… Sa vision unique de la mode a divisé l’opinion, de quoi susciter audace et admiration.
Après son départ de Givenchy, McQueen s’est concentré sur sa propre maison, donnant là encore lieu à des défilés comme des événements !
En parallèle, les « Six d’Anvers », un groupe de six diplômés de l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers, ont pris d’assaut la scène de la mode parisienne. Les créations avant-gardistes de Dries Van Noten, Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene, Walter Van Beirendonck, Dirk Bikkembergs et Marina Yee ont contribué à redéfinir les limites de la mode contemporaine.
Justement, l’un des défilés les plus emblématiques de Margiela a lieu en 1989 — le designer d’Anvers fait alors intervenir le public du squat où il a choisi de défiler.
Cette rupture des conventions a créé une expérience immersive et a transformé le public en participants actifs de le Fashion Week de Paris !
Fashion Week de Paris et Années 2000 : Ere des Méga-Défilés !
L’ère de Marc Jacobs chez Louis Vuitton, qui a duré de 1997 à 2013, a été marquée par une transformation audacieuse du concept même de défilé.
Jacobs a collaboré avec des artistes contemporains tels que Stephen Sprouse et Takashi Murakami pour créer des collections emblématiques qui ont introduit des imprimés audacieux et des détails excentriques… Pour ensuite les mettre en scène dans des super-productions !
Ses défilés étaient plus que de simples présentations de mode ; ils étaient de véritables expériences artistiques. Jacobs a transformé des lieux emblématiques tels que le Musée du Louvre en décors théâtraux pour ses défilés. Des carrousels géants, des manèges et des escalators ont servi de toile de fond à ses collections !
Au début du nouveau millénaire, la Fashion Week de Paris a ainsi continué de se réinventer avec des couturiers et designers qui ont repoussé les limites… Emboîtant le pas à Marc Jacobs, Karl Lagerfeld a signé pour Chanel les défilés les plus grandioses de l’histoire à ce jour. Sous la nef du Grand Palais – édifice construit pour l’Exposition Universelle – Lagerfeld est allé jusqu’à faire décoller une fusée Chanel… C’était en 2017 !
Dans un autre registre, c’est le Palais de Tokyo qui sert de scène au designer américain Rick Owens. Son esthétique sombre et avant-gardiste, utilisant des matières inhabituelles et des silhouettes asymétriques pour créer des pièces provocantes, résonne alors avec la majesté de ce lieu parisien !
Plus récemment, la révolution portée par les retombées médiatiques de Fashion Week parisienne était plus politique ! Virgil Abloh, en tant qu’un des rares créateurs noirs à occuper un poste de cette envergure, il a insufflé une nouvelle ère de diversité et d’inclusion dans l’industrie de la mode de luxe !
Ses défilés ont aussi capturé l’énergie de la rue, de la jeunesse tout en gardant un lien avec l’héritage de la maison !
Les défilés de Balenciaga sous Gvasalia ont eux aussi récemment marqué la Fashion Week parisienne par une esthétique provocatrice et souvent ironique. Les proportions exagérées, les silhouettes déstructurées et les jeux subtils avec les logos ont créé un langage visuel distinctif pour la maison. Les lieux de défilé ont également été soigneusement choisis pour refléter l’esthétique de Balenciaga, que ce soit dans une station de métro reconstituée, un amphithéâtre ou plus récemment dans la boue…
Finalement, Paris occupe une place prépondérante dans le circuit des Fashion Weeks grâce à sa concentration unique de maisons iconiques. En tant que berceau de l’élégance et de l’innovation, défiler à Paris revêt aussi une signification particulière pour les jeunes designers — c’est ici que le monde ouvre les yeux sur leur travail… La Ville Lumière étant finalement le carrefour incontournable où le génie créatif s’épanouit pour se révéler à l’échelle mondiale !
« Les défilés de Paris sont le rendez-vous majeur de la profession à l’échelle mondiale » peut ainsi conclure Pascal Morand.