Au Grand Palais, John Galliano livrait la première collection co-ed pour Maison Margiela — et le propos avait corps et pertinence. Sur un podium sans fioriture où seule brillait la puissance d’une mode convaincante, le designer britannique démontrait tout l’intérêt d’un défilé où le genre n’a pas lieu d’être. « La génération Z met en doute les valeurs de la société et j’ai été très stimulé » déclarait-il en prémices. Et il est vrai que cette collection Printemps/Eté 2019 recélait de pièces asexuées ; de pièces sublimant indifféremment femmes et hommes sans manière ni travestissement. Les genres ne sont plus, et c’est dans une cohérence exemplaire que John Galliano ouvre une voie intéressante à cette notion de co-ed.
Mais l’actuel directeur artistique de la maison tient plus que jamais un propos dans la continuité de l’oeuvre du fondateur. Là où Martin Margiela s’ingéniait à faire des vêtements portables mais posant la question de la beauté dans les coutures défaites et étrangement montées, John Galiano, lui, propose des pièces toutes aussi artisanales ! La pièce vedette de ce cette collection est incontestablement celle apparaissant sur la silhouette n°6. Inachevé et génialement déconstruit, le par-dessus présente ici des découpes au laser faisant des poches les revers.
Mieux, de la même façon que le doute plane sur le genre des silhouettes, un doute certain plane quant à la nature précise de ce vêtement. L’idée restant la même : le vêtement est en cours de réalisation ; prenant vie sur le corps qui l’habite, et non l’inverse ! La nature définie par l’expérience, par le sensible donc, la pièce phare de la collection Maison Margiela Printemps/Eté 2019 poursuit la philosophie salvatrice du couturier et, dans des ouvertures et asymétries paradoxales, donne vie à un vêtement échappant à toute classification… De la matière à penser donc, coupée dans le crêpe georgette !
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