Les débuts de Kris Van Assche ne firent pas l’unanimité, entre les détracteurs nostalgiques de l’ère Slimane qui ne souhaitaient pas que la marque évolue et ceux qui lui reprochaient de calquer Dior Homme sur sa propre ligne de vêtements. Depuis son premier show en clair-obscur avec orchestre, le créateur belge n’a cessé de multiplier les tentatives, dégageant au fil des ans une nouvelle identité pour Dior Homme, loin des coupes étriquées et des accents pop-rock de son prédécesseur. Aussi, lorsque la collection hiver s’apparentait à une parenthèse futuriste mâtinée d’ésotérisme sur fond de musique post-punk new wave, le printemps-été Dior Homme aura été annoncé comme ambivalent, à la fois hautement conceptuel et surprenant de décontraction à travers cette apparente rigueur.
KVA explique avoir été inspiré lors d’un voyage en Floride, d’où cette idée de smoking en bord de mer, le pantalon se faisant short et la veste perdant ses manches : « Tout a commencé à Miami, où je me suis senti vraiment ridicule en smoking sur la plage. J’ai donc voulu mixer le formel et l’informel ». C’est ainsi que les smokings rencontrent le sportswear, et que la rigueur flirte avec la légèreté, sans pour autant manquer au double impératif de sobriété et de distinction qui caractérise aujourd’hui la ligne Dior Homme.
Ce qui fascine dans cette collection, c’est l’aisance avec laquelle Dior parvient à nous proposer sans nous choquer des basiques d’élégance masculine abruptement coupés pour les adapter au contexte estival. Et puis voilà que l’on constate une palette étendue de couleurs, maintenant évidemment le noir, auquel s’adjoignent prune, bleu de Prusse, gris Montaigne, tantôt utilisés en surface, tantôt seulement à titre de patchwork rappelant Mondrian. Ces blocs de couleurs, greffés sur les vêtements, semblent s’emboîter les uns aux autres, non pas pour nier la singularité de chaque vêtement, mais bien plutôt pour en affirmer l’interchangeabilité. Il n’y a rien d’anodin à ce que le décor soit un décor soit un labyrinthe de miroirs au travers duquel les silhouettes semblent s’emboîter les unes aux autres.
Laissez une réponse