Les codes Dior ont été pour la plupart initiés par le légendaire couturier-fondateur Christian Dior. Une identité visuelle et stylistique inégalée dans le monde de la mode qui repose sur des codes emblématiques — le new look, le cannage, le rouge Dior, l’étoile, l’abeille, ou encore le muguet, le léopard et l’ésotérisme…
La Construction des Codes Iconiques de Dior
Les codes Dior ont été soigneusement cultivés, adaptés et intégrés dans une vaste gamme de pièces, et ce depuis la première collection Dior en 1947.
A cette date, Christian Dior présentait sa première collection qui fera du New Look la révolution d’une époque — et de cette ligne l’un des codes les plus iconiques de la griffe.
Tailles cintrées, des jupes évasées et des épaules structurées, la signature New Look va donner aux femmes l’élégance et la sophistication qui leur a manqué durant la Seconde Guerre Mondiale… Depuis, la ligne New Look est chaque saison distillée, modernisée, conjuguée différemment par les directeurs artistiques de la maison.
C’est Carmel Snow, rédactrice en chef de Harper’s Bazaar qui en 1947 baptise la collection d’une interjection : “C’est un tel nouveau look !”, inventant ainsi cette expression en référence à la mode Dior.
Autre grand code de la maison Dior — le cannage. Le motif cannage, inspiré des chaises Napoléon III, est sans doute l’une des signatures les plus reconnaissables de Dior. Il a été introduit en 1947…
Ce cannage Dior, c’est celui que Christian Dior a lui-même choisi pour la décoration d’intérieur des salons du 30 Avenue Montaigne. Ce motif matelassé a été initialement utilisé pour les sièges de la boutique, mais il a rapidement déteint sur la mode même de Dior… Le Cannage évoque un luxe classique et intemporel, et c’est, en 2023, l’une des caractéristiques essentielles des créations Dior.
La toile de Jouy est elle aussi un code extrait de la décoration du 30 Avenue Montaigne. La toile de Jouy, c’est ce tissu imprimé de motifs bucoliques, souvent représentant des scènes champêtres, des personnages, des animaux et des paysages… Ce motif est devenu emblématique de la maison Dior, utilisé dans nombre de collections au fil des ans, notamment les collections Dior Riviera.
La toile Oblique, introduite dans les années 1960, est un autre motif emblématique de Dior — une toile à l’esthétique graphique et contemporaine, qui jouit d’une élégance propre à Dior.
Puis vient la couleur Dior, et les motifs : le rouge, le pied de poule et le léopard !
Codes Iconiques Dior : Couleurs Et Motifs Dior
Si le léopard apparaît aujourd’hui anodin, il fut longtemps considéré comme vulgaire et inadéquat. Mais ça, c’était avant. Avant Dior exactement. L’homme derrière la révolution du New Look fut aussi à l’origine du renversement de la valeur accordée au motif léopard. Dès les débuts de la maison, le léopard fait partie de la grammaire Dior.
Et ces origines, on peut aisément les faire remonter à 1947. Car lors de son défilé évènement, Christian Dior déjà introduit deux silhouettes en léopard. Un fourreau baptisé ‘Jungle’ et une robe du soir nommée‘Afrique’. Expression de grâce féline, l’imprimé trouve un écho un brin particulier dans la création Dior. Monsieur le doit en effet à sa muse, Mitzah Bricard.
Son style? Lèvres carmin, manteau ou foulard léopard. Toute la genèse du rouge Dior… aussi !
L’autre couleur fétiche Dior, c’est le gris, mais le gris montaigne. Et c’est encore dans la décoration intérieure du 30 Avenue Montaigne que se trouve ce gris… Pour habiller les salons de sa maison de couture, il choisit un gris. Mais pas n’importe lequel. Un gris neutre et pratique. Pratique car il est élégant, et ce, dans toutes les matières – tweed, laine ou flanelle…
Quant au pied de poule… Il faut remonter un peu plus loin… Car déjà en 1938, alors que Christian Dior travaille pour la maison Robert Piguet, il signe une première — sa robe au motif pied-de-poule, ponctuée d’un jupon de lingerie dépassant… Il la nomme ‘Café anglais’.
Ce motif pied-de-poule empruntait largement aux aristocrates Britanniques, et notamment popularisé par le duc de Windsor — ce motif donc entre dans la grammaire Dior jusqu’à en devenir l’un des codes emblématiques.
La Faune Et La Flore Dior : Trèfle, Muguet, Etoile et Abeilles…
Trèfle, Muguet, Etoile et Abeilles… Christian Dior était très superstitieux, au point d’établir dans sa couture et sa maison un ensemble de talismans, autant guides que porte-bonheur.
Si Christian Dior est connu pour avoir été très superstitieux, il a surtout su écouter les signes qui l’entouraient. En 1919, à seulement 14 ans, Christian Dior consulte d’ailleurs sa première voyante, lors d’une kermesse à Granville. « Vous vous retrouverez sans argent, mais les femmes vous seront bénéfiques et c’est par elles que vous réussirez. Vous en tirerez de gros profits et vous serez obligé de faire de nombreuses traversées » lui prédit-elle alors.
C’est l’étoile qui le met sur la voie de son destin — il écrit dans ses mémoires : « en remontant la rue du Faubourg-Saint-Honoré, Christian Dior heurte du pied un objet au sol et manque de tomber, comme si l’objet lui-même cherchait à attirer son attention. » Il se retourne, s’approche, et constate qu’il vient de heurter une étoile, juste devant l’ambassade du Royaume-Uni. Il prend sa décision — il ouvrira sa propre maison.
L’étoile est un motif récurrent dans les créations de Dior. Elle symbolise la chance et la bonne fortune !
Et c’est au coeur du 8e arrondissement de Paris que sa maison se plantera. Au 30 Avenue Montaigne, « derrière le petit hôtel du début, un immeuble neuf de huit étages – huit ateliers – que doublait un autre immeuble également de huit étages » note Christian Dior dans ses mémoires. Le 8 est en effet un autre code très évocateur de Dior.
Dior portait en fait sur lui une ribambelle de grigris. Ainsi, jamais ne le quittait son trousseau de charmes — un brin de muguet séché, dans un reliquaire ouvragé, un trèfle à quatre feuilles, l’étoile trouvée rue Saint-Honoré, deux cœurs, une pièce de bois et une autre en or.
De sa fleur fétiche, le muguet, Dior va faire un essentiel de sa couture. Il y a d’abord ce brin séché qu’il fait coudre à l’ourlet de chacune de ses créations. Il y a ensuite le muguet qu’il porte en boutonnière et celui qu’il offre, tous les 1er Mai, à ses « petites mains » et ses plus grandes clientes.
Enfin, il y a le muguet dans la couture — le muguet qui lui inspire toute une collection au Printemps 1954. La Robe Muguet entre dans les annales de l’histoire de la mode. Une robe « à la fois jeune, souple et simple » dit-il; une robe dont les pochettes de muguet lui évoquent le « volume du chapeau, volume du buste, volume de la jupe. » Il aime tellement le muguet qu’il s’est arrangé pour que sa fleuriste en ait toute l’année à sa disposition.
Enfin, encore… Si l’abeille fut si chère à Christian Dior, c’est qu’elle fut à ses yeux l’insecte le plus prompt à symboliser la force et la vigueur de sa maison de couture. « Une petite ruche pleine à craquer, voilà ce qu’était ma maison lorsque je présentais ma première collection » note Christian Dior dans ses mémoires. Ses couturières, Dior les surnommait “les abeilles“ – consciencieuses et affairées, elles sont capables de réaliser des exploits. Parfois, plus de 400 ou 500 heures de travail pour la confection d’une seule robe.
Les lignes Dior, c’est aussi tout un vocable donné à la mode et la couture… La femme-fleur, les lignes Oblique, H, A et la ligne Tulipe « Je dessine des femmes-fleurs, épaules douces, bustes épanouis, tailles fines comme lianes et jupes larges comme corolles » affirme plus tard Christia Dior. Si Kim Jones et Maria Grazia Chuiri parviennent aujourd’hui à créer une mode aussi désirable, c’est que le fondateur de la maison Dior avait déjà vu juste. Des lignes qui servent désormais à une couture aussi sublime que cool.
Aujourd’hui, Maria Grazia Chuiri chez la femme et Kim Jones chez l’homme travaille ces codes dans des gestes mode inédits. Intégrés à une grammaire sportswear et streetwear par Kim Jones, et une féminité entre vestale et guerrière chez Maria Grazia Chuiri — les codes Dior sont plus glamour que jamais.
